samedi 26 novembre 2016

1er Dimanche de l’Avent, Évangile : Veillez pour être prêts

« Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut » (Ps 84, 8).

Droite comme un i, occupant toute la hauteur de la toile, la femme nous regarde sans nous regarder, absente et présente tout à la fois, prise entre sa réalité charnelle du dehors et sa nouvelle vie du dedans. Elle semble s’effacer et respirer au rythme du nouveau cœur de lumière qui bat en ses entrailles.
« Ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme » (v.39). La voici entièrement plongée dans l’inconnaissable de ce jour et de cette heure que ni les anges, ni le Fils, ni personne ne connaît, sinon le Père et lui seul (v.36). Elle se laisse envahir par cette nouvelle vie qui l’a saisie sans la surprendre.
Seule la douceur de ses mains protégeant son ventre rond et lumineux, la sérénité de son regard bleu, et la pause de sa course suspendue nous parlent de sa promptitude à accueillir en elle le surnaturel. Toute son attitude nous dit sa veille, son attente, sa prière. Elle a été prise, entièrement saisie : corps, cœur et âme par Celui qu’elle espère. 
« Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra » (v.41-44).

Ô pure, ô douce vision !
C’est en mon âme que s’opère
Le grand, le sublime mystère,
La nouvelle incarnation !

Je ne vis plus, Il vit en moi.
Oh ! c’est déjà le face à face,
La vision que rien n’efface
À travers l’ombre de la foi.

Il vient révéler le mystère,
Livrer tous les secrets du Père,
Mener de clartés en clartés
Jusqu’au sein de la Trinité.

(Sainte Élisabeth de la Trinité, C’est pour moi qu’il est venu, Poésie P 75, Noël 1901, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.996).

Introduction au parcours de l’Avent 2016

Arcabas, Le soleil dans le ventre, 1984.


On ne présente plus le peintre Arcabas (de son vrai nom Jean-Marie Pirot, né le 26 décembre 1926), car ses méditations picturales de l’évangile inspirées de son quotidien sont devenus familières aux paroissiens et aux visiteurs des musées d’art sacré.
Son dessin simple et figuratif aux couleurs vives rehaussées d’or savent capter le surgissement du divin dans la tendresse de nos jours.
C’est grâce à la demande de trois paroissiennes de Mâcon qui m’interrogeaient sur un de ses tableaux commenté pour l’Avent 2008 que je me suis remise, une nouvelle fois, à ce jeu de l’interprétation croisée (art, bible et écrits du Carmel) pour creuser ce mystère inépuisable de l’Incarnation, celui d’un Dieu infini qui s’est fait tout petit pour révéler au cœur de l’homme son amour immense pour toute sa création.

Titre : « Le soleil dans le ventre »
Peinture d’Arcabas
Technique : Huile sur Arches 600g
Dimensions : 112 x 56 cm
Date : 1984 
Collection particulière (Collection personnelle d'Arcabas)
La femme est debout, droite et silencieuse, les yeux grands ouverts dans une attente éveillée. Les pieds ancrés au sol noir, le visage bleu noyé au ciel. Sa silhouette entièrement nue se découpe et se fond dans le dégradé de la nuit vers la lumière. Elle traverse de bas en haut l’espace de la terre au ciel. 
Phare immobile, elle retient en ses mains un halo de lumière d’or que son ventre a peine à contenir, annonciateur d’un nouveau Soleil…

N’entends-tu pas déjà le grand silence,
L’hymne d’amour qui se chante là-haut ?
Sœur, oublions l’exil et la souffrance
Et que nos cœurs saluent ce jour si beau !
Ne vois-tu pas la splendeur éternelle,
La Trinité qui se penche sur nous ?
Le Ciel s’entrouvre : écoute… on nous appelle… 
Recueillons-nous, ma Sœur, voici l’Époux !…
(Sainte Élisabeth de la Trinité, Le cœur blessé par l’Infini, Poésie P 85, 1902, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.1012).

Sr Nathalie Le Gac, Carmel Saint-Joseph de Mechref (Liban) 27 novembre 2016.