dimanche 13 décembre 2015

3e dimanche de l’Avent : « Se tenir collés à la terre »

Troisième méditation, 3ème dimanche de l’Avent
13 décembre 2015

« Se tenir collés à la terre »

Évangile : « Que devons-nous faire ? » (Lc 3, 10-18)

En ce temps-là,
    les foules qui venaient se faire baptiser par Jean
lui demandaient :
« Que devons-nous faire ? »
    Jean leur répondait : 
« Celui qui a deux vêtements,
qu’il partage avec celui qui n’en a pas ;
et celui qui a de quoi manger,
qu’il fasse de même ! »
[…]
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi.
Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
    Il tient à la main la pelle à vanner
pour nettoyer son aire à battre le blé,
et il amassera le grain dans son grenier ;
quant à la paille,
il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
    Par beaucoup d’autres exhortations encore,
il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.


Troisième séquence (02:49 à 03:58)



Nous retrouvons, pour le premier plan de cette troisième séquence, la table en vue rapproché et de face. La perspective au point de fuite central fait porter l’attention du spectateur sur l’enfilade des mains au dessus des assiettes blanches, rompant le pain, coupant le fromage, essuyant la dernière trace de soupe. Il y a le jeu élégant et simple des mains du premier plan à gauche rompant le pain en petits cubes  au dessus de l’assiette de potage. Il y a aussi la corbeille de pain, le plateau de fromage et le plat blanc des yaourts qui circulent de place en place pour se retrouver à chaque nouveau service, au centre de la table, accessibles à toutes les mains. Ça grince, ça glisse, ça tourne. Le repas est partagé (Lc 3,11).



Le deuxième plan sur deux profils des Sœurs assises à droite vient donner âme aux corps sans têtes du premier plan. Une des Sœurs boit deux gorgées d’eau, puis repose son verre, elle avale ses deux dernières bouchées de pain, en jetant de petits coups d’œil de côté, peut-être est-elle la dernière que les autres attendent ?

Posé en arrière plan sur un buffet en bois, en guise de tout décor, est ouvert le livre aux pages blanches, ses feuilles recourbées comme les ailes d’un oiseau qu’un enfant aurait dessiné dans le ciel. 
Est-ce un appel venant d’en haut ?


La séquence se termine par un plan qui se resserre sur le visage, celui-ci s’échappe du cadre, par le haut dans un mouvement de tête vers le plafond … comme pour regarder le ciel, et le livre disparaît. Fallait-il suivre l’oiseau ? 
Mais la caméra de Laure Jaudon reste collée à la table, à la terre, à cette atmosphère terreuse et grisâtre. Le visage de la Sœur et sa prière nous échappent.
Soudain, cette pauvreté monochrome me fait penser à la pose prise sur le vif, de la « Famille de paysans dans un intérieur » peinte par les frères Le Nain, où il ne s'agit pas d'un véritable dîner : la table n'est même pas servie. Mais par l’évocation du pain, du vin et du sel, le spectateur est renvoyé à un autre repas, où se joue un éclat d’éternité celle du pain apaisant toute faim et du vin étanchant toute soif. 


Le dernier plan de transition semble nous donner raison. C’est un plan rapproché sur un buste portant la croix de bois ; et, devant lui, se détachant du monochrome brun foncé, la bouteille bleue accrochant la lumière, nous invente un Ciel qui descend jusqu’à nous.

L’Évangile du jour nous parle, en ce troisième dimanche de l’Avent, du choix moral des foules à bien agir : habiller et nourrir (Lc 3,10), et d’un Autre que Jean qui nous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu (Lc 3,16).
Ces deux versets sont un appel à l’agir et non à la fuite. C’est d’en-bas que nous agirons, partagerons et poserons nos actes bons ; c’est en bas que le Saint Esprit et son feu purificateur promis par Jean descendront. 

Pour les recevoir, il nous faut nous tenir collés à la terre …



Sr Nathalie Le Gac, CSJ Mechref, 13 décembre 2015

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